Trop souvent la Justice est stigmatisée pour ses dysfonctionnements. Ceux-ci sont réels mais ils sont rares, très rares.
En réalité, au quotidien, la Justice fonctionne beaucoup mieux qu’on ne le dit. Chaque jour des centaines d’affaires sont traitées dans d’excellentes conditions, à la satisfaction de tous. Cette réalité là il m’arrive, souvent de la décrire, d’autres le font également mais ce discours n’est pas entendu, en tout cas pas suffisamment. C’est l’éternelle histoire des trains qui arrivent à l’heure.
Il faut, en réalité, pour que tout le monde s’aperçoive que la Justice peut bien fonctionner, des évènements exceptionnels, des procès « hors normes ». Alors le pays tout entier est à l’écoute de l’actualité judiciaire et lorsque l’audience est parfaitement conduite par un président à la fois ferme et humain, marquant de l’autorité mais également un sens de l’écoute ; lorsque le siège du ministère public est occupé avec compétence et dignité ; lorsque l’institution judiciaire sait expliquer, informer, communiquer ; alors les Français se rendent compte que l’institution judiciaire est, en France, de bien meilleure qualité qu’on ne le dit et qu’elle est servie par des hommes et femmes, magistrats et fonctionnaires de Justice compétents et ayant le sens du service public.
De ce point de vue les procès d’Angers et de Bonneville ont été des procès exemplaires. Remarquablement préparés, ils ont été conduits avec efficacité et détermination.
Il ne m’appartient bien sûr pas de porter une appréciation sur le fond des décisions qui ont été rendues. Elles l’ont été en toute indépendance et, pour partie, elles ne sont pas définitives puisqu’elles ont fait l’objet de quelques recours en nombre d’ailleurs très limité. Mais j’ai lu la presse, j’ai écouté les observations des uns et des autres et j’ai pu m’apercevoir qu’autant que la conduite de ces deux procès, l’équilibre des décisions avait été salué. Les victimes, mais également l’opinion souhaitaient que la Justice passe, tous ont aujourd’hui le sentiment qu’à Angers et à Bonneville la Justice est passée.
En vous recevant aujourd’hui, je voulais bien sûr vous remercier de l’exceptionnel travail que vous avez accompli, témoigner auprès de vous de la remarquable image que vous avez donné de l’institution judiciaire et commencer à tirer avec vous les leçons de ces deux procès. Ils sont en effet porteurs d’enseignements pour l’avenir.
Mais je voulais d’abord, solennellement et symboliquement, mettre en lumière la capacité de l’institution judiciaire à traiter dans les meilleures conditions des dossiers pourtant extrêmement difficiles. A travers vous, aujourd’hui, c’est l’ensemble des magistrats et des fonctionnaires de Justice auxquels je voudrais rendre hommage. Ils font un métier difficile, ils sont soumis aux critiques les plus diverses et souvent les plus injustes et pourtant ce métier ils le font bien. Vous êtes le symbole de la qualité de notre justice au quotidien. C’est ce symbole que je tenais à saluer.
Avant de vous écouter, je voudrais vous dire quels sont les enseignements que j’ai d’ores et déjà retenus de ces deux procès.
Premier enseignement : Ils ont donné lieu, dans les juridictions, à de véritables projets de service.
Deuxième enseignement : Le travail en commun entre l’administration centrale et les juridictions a porté ses fruits :
Troisième enseignement : La Justice a associé ses partenaires à la tenue du procès
Mais au-delà de ces progrès, je crois qu’il est essentiel de comprendre que la Justice a abordé ces procès hors normes avec un nouvel état d’esprit, fait d’ouverture et de transparence. C’est cette nouvelle approche de la tenue du procès qui a été à l’origine de ces réussites :
Les résultats sont là :
Je tiens à vous remercier sincèrement pour ce que j’ose appeler « des succès de la Justice ». C’est grâce à vous, à votre travail épuisant et acharné, à votre conscience professionnelle et à votre esprit d’équipe que cette réussite a été rendu possible.
J’ai voulu vous rencontrer pour vous témoigner ma satisfaction et de pouvoir vous le dire directement et très simplement.
Mais je pense aussi à l’avenir, à d’autres procès sensibles qui se tiendront.
Je souhaite que votre expérience enclenche un cercle vertueux, que ces investissements ne soient pas sans lendemain.
J’ai besoin pour cela que vous m’éclairiez sur quelques points précis :
Votre avis me sera précieux.
Trois thèmes ont été définis pour guider nos échanges :
Je vous laisse maintenant la parole.