[Archives] Rachida Dati rencontre les élèves du collège G. Môquet, Villejuif

Publié le 22 octobre 2007

Lettre de Guy Môquet

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3 minutes

Monsieur le Sous-Préfet,
Monsieur le Recteur,
Monsieur le Président du Conseil général,
Madame le Maire,
Monsieur le Principal,
Mesdames et Messieurs,
Chers élèves,

 

Aujourd'hui, ce n'est pas un jour comme les autres. Vous n'êtes pas en classe. Vous êtes réunis dans la cour.

Le sous-préfet, le président du conseil général, le recteur de l'académie, votre maire, l'inspecteur d'académie et d'autres personnalités encore sont venus pour vous, dans votre collège, autour de votre principal et de vos professeurs. Je les remercie tous de leur présence.

 

Dans beaucoup de collèges et de lycées en France, les élèves entendront aujourd'hui la lettre qu'Antoine vient de lire pour nous.

 

Ce n'est pas juste une lecture, parce qu'il faudrait lire cette lettre.
C'est une lecture parce qu'il faut se souvenir.
C'est une lecture parce qu'il faut comprendre.

 

Il faut se souvenir de Guy Môquet, de ses camarades et de tous les autres.
Le nom de Guy Môquet, vous le connaissez bien. C'est le nom de votre collège. Et je félicite toute la communauté éducative de mener ici chaque année un projet sur la Résistance.

 

Maintenant, vous connaissez mieux Guy Môquet. Vous savez pourquoi il a écrit cette lettre à ses parents.

 

Guy, c'est votre grand-frère de dix-sept ans.
Guy, c'est un jeune Français qui voulait vivre.
Comme ses camarades, il a été fusillé.
C'est quelque chose de terrible.
C'était l'époque terrible de la Guerre et de l'Occupation.

La guerre, vous ne l'avez pas connue. Je ne l'ai pas connue.

 

Ils sont peu nombreux aujourd'hui les témoins de cette guerre. Il faut les écouter, comme nous venons d'écouter Blanche Jaquot. Tout à l'heure, vos camarades de troisième écouteront André Lelong et Daniel Rouillot.

Blanche, André et Daniel étaient aussi des jeunes gens de dix-sept ans à cette époque terrible de la guerre.

 

Il a fallu des gens courageux pour mettre fin à la guerre. Il a fallu aussi des gens courageux pour faire la paix. Les Français et les Allemands se sont réconciliés. Ensemble, ils ont construit l'Europe pour qu'il n'y ait plus de guerre.

 

C'est une chance de vivre en paix. Cela vous paraît naturel, mais ça n'a pas toujours été comme ça. Et ce n'est pas comme ça, en ce moment même, ailleurs dans le monde. Vous devez le savoir. Vos professeurs vous l'expliquent en classe.

 

Plus tard, vous serez des adultes et des citoyens. A votre tour, vous aurez le devoir de bâtir un monde en paix.

 

La guerre, ce n'est pas du cinéma ou de la télévision. Ça fait mal pour de vrai. Ça enlève la vie. Ça l'abime. Ça laisse les personnes que vous aimez seules, et tristes.

 

Comme la petite maman chérie de Guy Môquet, comme son petit frère adoré, comme son petit papa aimé.

 

C'est ce que nous dit Guy Môquet, au travers de sa lettre. C'est une belle leçon d'amour. C'est une belle leçon de courage.

 

C'est cela que vous devez comprendre aujourd'hui.
Guy Môquet était courageux. Il allait mourir. Il pensait d'abord à ses parents. Il ne regrettait rien. Il était fier de son engagement.

 

Il a été fusillé parce qu'il était engagé.
Il a été fusillé parce qu'il défendait un idéal.
Il défendait la liberté, l'égalité, la fraternité. Vous connaissez la devise de notre République.

 

Ce ne sont pas des mots. Derrière ses mots, il y a des visages, il y a des êtres humains. Ils se sont battus. Ils ont donné leur vie.

 

Comme Guy Môquet, ils voulaient être libres. Ils voulaient vivre et travailler. Ils ne voulaient pas qu'on juge une personne pour ses opinions, pour sa religion, pour la couleur de sa peau.

 

C'est un combat de chaque instant. C'est mon rôle comme ministre de la justice. C'est notre responsabilité à tous.

 

Vous avez la chance d'aller au collège. Vous avez la chance d'étudier. Vous avez la chance de pouvoir construire votre vie dans un monde en paix.

 

Cette chance vous la devez à vos parents.
Vous la devez à vos professeurs.
Il faut les respecter.

 

Cette chance, vous la devez à vous-mêmes.
Vous êtes jeunes. Vous avez encore beaucoup de choses à apprendre. Vous construisez aujourd'hui au collège votre vie de demain. Vous êtes responsables de votre destin. Vous devez vous respecter aussi entre vous.

 

Plus tard, vous vous souviendrez du 22 octobre. Quand vous aurez des doutes, vous penserez à Guy Môquet. Vous penserez à ce grand frère que vous n'avez pas connu. Et vous vous direz :

 

« Je peux être fier de ma vie ».
« Je peux être fier de mon pays ».
« Je peux être heureux de vivre dans une Europe en paix ».

 

Je vous remercie.

Bon courage !