[Archives] Rachida Dati rencontre des étudiants en droit

Publié le 24 novembre 2007

Discours du Garde des Sceaux, ministre de la Justice

Mme Rachida Dati et les étudiants en droit / Crédits Photos : C. LACENE

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Messieurs les Directeurs,
Messieurs les Doyens de faculté,
Monsieur le Professeur, Cher Alain,
Madame et Messieurs les directeurs des écoles de la Justice,
Mesdames et Messieurs les magistrats et fonctionnaires,
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,

 

Je suis très heureuse de vous accueillir au ministère de la justice. J'espère que ces lieux ne vous impressionnent pas. Ils donnent une image ancienne et solennelle de la justice. Ils sont un peu figés. Il ne faut pas en rester à cette image. La justice, ce sont d'abord des femmes et des hommes qui l'animent au quotidien.

 

Comme celles et ceux qui m'entourent ce matin. Vous les avez reconnus : ils ont participé activement à la campagne d'information du ministère. Ce sont eux que vous avez pu voir dans les films. C'est pour moi l'occasion de les remercier très chaleureusement. Ils sont l'image vivante et concrète de la justice. Ils transmettent leur enthousiasme et leurs convictions. Ils ont la passion de la justice.
Cette passion, je souhaite vous la faire partager aujourd'hui. Vous êtes étudiants en droit. Vous venez de plusieurs universités d'Ile-de-France : Villetaneuse, Melun, Saint-Denis, Malakoff, Paris... Vous vous destinez aux métiers du droit.

 

Le droit, c'est un ensemble de règles. Ces règles existent parce qu'elles ont une fonction humaine. Elles sont là pour nous permettre de vivre ensemble, pour nous protéger et pour nous réaliser. C'est la mission de la justice. Elle ne peut se fermer sur elle-même. Elle doit se tourner vers l'autre. C'est la nature même des métiers de la Justice. Cette conviction est la raison de notre rencontre.

 

Je veux vous parler des valeurs de la justice.
Je veux vous montrer le visage de la justice.
Je veux vous inviter à devenir la justice de demain.

 

Je veux vous parler des valeurs de la justice.

 

Je sais que les jeunes s'y retrouvent, parce que ce sont de belles valeurs : des valeurs vivantes, des valeurs actuelles, des valeurs qui nous rapprochent. Ces valeurs méritent d'être défendues. C'est la mission de la justice.

 

La justice assure l'égalité.

 

Nous sommes tous égaux devant la loi. C'est le fondement de notre République. Nous ne devons pas accepter les injustices. Nous avons tous les mêmes droits. Ce n'est pas du tout une construction intellectuelle. Les droits doivent être défendus au quotidien. C'est le rôle très concret de la justice. C'est le rôle de chaque citoyen.

 

Vous connaissez tous des injustices. Je pense aux discriminations. Obtenir un emploi, un stage, un logement ne peut pas dépendre de l'origine sociale ou de la couleur de la peau. Une discrimination est une souffrance. C'est un déni de justice. C'est pourquoi la justice a le devoir d'y apporter une réponse ferme.

 

J'ai voulu, dès mon arrivée à la Chancellerie, que tous les parquets de France désignent un magistrat référent et un délégué du procureur issu du milieu associatif. Ils constituent des pôles anti-discriminations vers lesquels les victimes peuvent se tourner. La justice doit protéger les plus faibles.

 

Elle renforce la solidarité.
Elle défend les intérêts de ceux qui n'ont pas les moyens de faire valoir leurs droits. Ce sont souvent les personnes les plus vulnérables. Les enfants, les mineurs en danger, les victimes de maltraitance et d'abus. J'ai reçu hier les associations qui défendent les femmes victimes de violences.
Elles m'ont dit leurs souffrances, leurs peurs, leur honte, mais aussi leur espérance dans la justice.

 

C'est le rôle de la justice d'être à leurs côtés.
Par sa présence, elle resserre les liens qui forment la société.

Mme Rachida Dati et les étudiants en droit / Crédits Photos : C. LACENE

 

La Justice établit la citoyenneté.

 

C'est sa mission et celle de tous ceux qui la font au quotidien. Ils veillent au bon respect de la loi pour que nous puissions vivre ensemble. Ils éduquent, ils réinsèrent. Ils préservent l'équilibre de notre société.

 

Une société ne peut fonctionner sans lois. Des lois qui protègent et des lois qui sanctionnent. Une société ne peut pas prospérer quand ses lois ne sont pas respectées ou quand les crimes restent impunis.

 

Les valeurs d'égalité, de solidarité, de citoyenneté sont le ciment de notre société. Elles la rendent plus fraternelle.

 

Je suis convaincue que la fraternité est aussi une valeur de la justice.
La justice est naturellement tournée vers l'être humain. Elle est à l'écoute de ses besoins. Elle est attentive à ses souffrances. La justice, ce n'est pas uniquement un glaive. C'est d'abord une main tendue.

 

La première qualité de ceux qui œuvrent pour la justice, c'est d'être ouverts aux autres.
Je vais vous parler de leurs métiers.

 

Je veux vous montrer le visage de la justice.

 

C'est le visage des femmes et des hommes qui m'entourent ce matin. Tous ont des métiers différents. Ils ont souvent les mêmes compétences juridiques. Ils ont la même rigueur et la même éthique. Ils ont une vie passionnante au contact des autres.

 

Ils sont au contact des mineurs. Ils sont juge des enfants ou éducateur de la protection judiciaire de la jeunesse.

 

Ils sont au contact des familles. Ils sont juge aux affaires familiales ou greffier.

 

Ils sont au contact des particuliers. Ils sont juge d'instance, juge civil, avocat, huissier ou notaire.

 

Ils sont au contact avec des délinquants ou des victimes. Ils sont juge d'instruction, procureur, substitut ou avocat.

 

Ils sont au contact avec des personnes condamnées. Ils sont juge d'application des peines, conseiller d'insertion et de probation, directeur des services pénitentiaires.

 

Ils n'exercent pas un simple métier : ensemble, ils préservent l'équilibre de la société. Ils protègent les libertés fondamentales. Ils veillent au respect des droits individuels. Ils garantissent l'authenticité de la justice.

 

Vous le voyez autour de moi : les métiers du droit et de la justice ne sont pas des métiers vieillissants ou ringards. Ce sont des métiers dynamiques, modernes, qui font bouger les choses.

 

Vous allez pouvoir, dans un instant, prendre le temps de discuter avec eux. Ils vous diront quel est leur parcours, pourquoi ils ont choisi ce métier.
Les directeurs des écoles et les magistrats présents pourront vous parler des qualités nécessaires pour réussir.
Ces métiers s'offrent à vous.

 

Je veux vous inviter à devenir la justice de demain.

 

Vous faites actuellement vos études. Vous vous posez des questions sur votre avenir professionnel. Cet avenir, il dépend d'abord de vous.

 

Vous êtes à un moment-clé de votre vie. C'est maintenant que vos projets se construisent. Je souhaite que vous y parveniez.

 

Ne vous inquiétez pas : on peut partir de loin. On peut avoir tous les obstacles devant soi. Par la volonté, par le travail, par le courage, on peut réussir. On peut même devenir ministre !

 

L'important, c'est de mériter ce que l'on obtient. C'est de s'investir sans compter. C'est d'avoir toujours l'espoir.

 

Et puis, dans la vie, il y a des rencontres. Il faut saisir ces occasions. Il faut parfois les provoquer. Il faut aller de l'avant.

 

Vous n'êtes pas seuls. Vos professeurs sont à vos côtés. Ils vous le montrent encore aujourd'hui.

 

J'ai voulu que le ministère de la justice soit aussi à vos côtés.

 

Nous créons des classes préparatoires dans les quatre écoles nationales de la justice.

 

Elles sont destinées à des étudiants motivés et méritants, d'origine modeste et originaires de toute la France.

 

Ces étudiants ont les diplômes requis pour présenter les concours. Mais ils n'ont pas les mêmes chances que les autres. Ils n'ont pas les moyens de suivre des préparations complémentaires. Ils n'ont pas la méthode et la culture générale qui font la réussite aux concours.

 

Nous allons les aider. Ils passeront les mêmes épreuves. Il n'y aura pas de concours au rabais.

 

L'Ecole nationale de la magistrature ouvre sa première classe, en janvier, dans ses locaux parisiens. Elle a reçu 176 dossiers de candidature. Elle accueillera 15 étudiants en droit. Ils seront logés par le CROUS de Paris. Ils bénéficieront d'une préparation complète aux épreuves écrites et orales. Un suivi tout particulier sera mis en place en culture générale et en méthodologie. Je veux remercier le directeur de l'ENM, Jean-François Thony, son équipe et Frédéric Debove, qui montent ensemble ce projet.

 

L'Ecole nationale des greffes ouvre sa classe préparatoire en février. Elle préparera à la session de l'automne 2008 du concours de greffier. Elle accueillera 15 étudiants dans ses locaux de Dijon. Les candidatures sont ouvertes jusqu'au 15 décembre.

 

L'Ecole nationale de l'administration pénitentiaire, à Agen, ouvrira en septembre 2008 une préparation aux concours de directeur et d'officier des services pénitentiaires. Elle recrutera ses candidats en mars-avril 2008.

 

Enfin, l'Ecole nationale de la protection judiciaire de la jeunesse s'installe en septembre 2008 dans ses nouveaux locaux à Roubaix. Elle ouvrira à la même date sa préparation au concours d'éducateur. Elle accueillera 25 étudiants. Ils seront aussi sélectionnés au printemps 2008.

 

 

Il y a beaucoup de discours sur l'égalité des chances. C'est bien de la promettre. C'est bien de la souhaiter. C'est mieux d'agir. Il faut parfois la provoquer.

 

Je veux que la justice reflète la diversité de notre société. C'est comme cela qu'elle sera mieux comprise, mieux entendue. C'est comme cela que les Français se reconnaîtront en elle.

 

Je vous remercie et je vous souhaite bon courage.