[Archives] Installation des services sur le site Edmond Michelet

Publié le 26 janvier 2006

Discours de Pascal Clément, ministre de la Justice, garde des Sceaux

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Monsieur le Député (René Galy-Dejean),
Monsieur le Sénateur (Philippe Goujon),
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le Secrétaire Général,
Monsieur le Contrôleur Général,
Monsieur l’Inspecteur Général,
Mesdames et Messieurs les Présidents de société,
Mesdames et Messieurs les Directeurs et chefs de services,
Mesdames et Messieurs,

Je suis heureux d’être aujourd’hui avec vous pour installer officiellement les services de la Justice dans ce bâtiment du quai de Javel.

La gestion immobilière est un des grands chantiers de la Justice depuis 2002. Une nouvelle dynamique a été lancée dans la construction et la réhabilitation des installations judiciaires, pénitentiaires et pour la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Ces efforts ont pour but d’adapter les conditions de travail à la croissance et aux nouveaux besoins de l’institution judiciaire, des professions de justice et des usagers du service public de la justice.

J’inaugurais la semaine dernière le palais de justice de Pontoise qui est un signe concret de l’avancement de ces grands programmes.

Sur Paris, le Ministère de la Justice mène en effet une politique dynamique de cession de biens immobiliers dans les quartiers centraux réputés onéreux : cession réalisée d’un immeuble prestigieux « l’Hôtel de Sénectère » dans le 7ème arrondissement, mise en vente d’un autre immeuble dans l’Île Saint-Louis et aussi arbitrage pour quitter la rue Saint-Honoré malgré ses commodités à deux pas du siège historique du ministère.

Cet arbitrage était, Mesdames, Messieurs un arbitrage difficile mais nécessaire. Le Ministère et ses agents en sortent gagnants même si je reconnais que les trajets sont un peu plus longs pour certaines et certains d’entre vous.

Je vous remercie sincèrement d’avoir fait cet effort. J’en mesure le poids, car certains d’entre vous ont fait toute leur carrière sur l’ancien site occupé depuis 1974. Ce déménagement nous permet de réaliser une économie très substantielle sur nos loyers. Vous y trouvez vous-même des conditions de confort très améliorées.
Au lieu d’un immeuble vieillot de 1930, vous occupez un immeuble récent, remis aux normes et bien adapté à vos besoins.

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En venant implanter ses services dans le sud-ouest du 15ème arrondissement grâce à la bienveillance du CITEP et avec l’aide de la Direction des Domaines, le Ministère de la Justice a fait un choix similaire à celui qu’aurait fait une entreprise ayant une analyse réaliste du marché.

Le choix de cet immeuble est en fait dû à la conjugaison de plusieurs facteurs. L’administration a pris conscience du niveau atteint par le marché de l’immobilier, la rue Saint-Honoré appartenant au « quartier central des affaires » de Paris. Une opportunité a été ensuite signalée par le Secrétaire général du gouvernement, née du souhait de Canal+ de se séparer de son siège historique et de la volonté de la Caisse des Dépôts et Consignations de le racheter et de le louer.
C’est ainsi qu’après deux ans de recherches, une trentaine de propositions examinées et dix sites potentiels visités, une solution à la mesure des besoins des directions et services concernés a pu être trouvée par la direction de l’administration générale et de l’équipement. Qu’elle en soit remerciée à travers son directeur Edward JOSSA et la sous-direction de l’action immobilière et de la logistique.

Le poids des directions et services concernés est très important dans le fonctionnement de l’administration centrale de la Justice : contrôle budgétaire et financier du ministère, DPJJ, DAGE, DSJ : sous-direction des greffes et mission juges de proximité, SADJPV, bureau de la nationalité de la DACS, syndicats, médecine de prévention, restaurant de la Fondation d’Aguesseau.

Ce déménagement est donc ,pour l’administration centrale de la Justice, la plus lourde opération de ce type depuis 20 ans, puisqu’elle a concerné plus de 1 000 personnes, dont 700 venues s’implanter sur ce site, soit un tiers des effectifs .
Tous s’accordent à dire aujourd’hui que les bureaux de la logistique, des affaires administratives et de la programmation et des ressources humaines, tout comme les services informatiques et la fondation d’Aguesseau ont fait en sorte que l’activité générale ne soit que brièvement et modérément perturbée. Qu’ils en soient remerciés et au-delà d’eux tous les agents qui ont accepté ce changement.

Aujourd’hui l’écho qui me parvient est que chacun est bien installé. Il est vrai que l’immeuble – et c’est une raison de son choix par le Ministère de la Justice – présente de nombreux avantages :

Le lieu de situation d’abord en front de Seine, à côté des jardins André Citroën est un lieu emblématique de Paris.

L’architecte ensuite, Richard MEIER, est de renommée internationale tout comme les architectes qui réalisent les grands palais de Justice.

Il est connu pour avoir réalisé le Musée d’art contemporain de Barcelone, des églises et cathédrales modernes, ainsi que des sièges de sociétés dans le monde entier.

La forme extérieure du bâtiment symbolisera bien une justice dynamique, attentive aux demandes d’évolution et de réforme de la société.

Ses structures sont élégantes et créent un véritable « apprentissage de la lumière » pour ceux qui visitent le bâtiment, ou y vivent. Vous appréciez aussi Mesdames, Messieurs qui y travaillez, sa fonctionnalité.

En effet, l’immeuble quoique récent puisqu’il date de 1992 a fait l’objet de travaux d’adaptation pour y implanter des prestations équivalentes à celles de l’immeuble Saint-Honoré : présence de locaux syndicaux, cantine et cafétéria, bibliothèque juridique, médecine de prévention, infirmerie et centre de santé.
Il est doté de salles de réunion, qui faisaient auparavant défaut ainsi que de places de parking qui facilitent la vie des agents et de leurs visiteurs.

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Pour marquer cette implantation du sceau du ministère de la Justice et achever d’identifier ce lieu de travail à la Justice, j’ai décidé de donner à cette partie des bâtiments le nom d’« Edmond MICHELET », grande figure de la Résistance et ministre de la Justice du Général de Gaulle.

Edmond MICHELET était un homme d’exception comme la France en a connu dans les périodes troubles de son histoire. Deux jours après l’appel du général de Gaulle du 18 juin 1940, il a commencé à réunir des sympathisants prêts à organiser la lutte contre l’occupant.

Pendant trois ans, il a animé en zone Sud le Réseau Liberté, puis les groupes régionaux du mouvement Combat avant de prendre la tête de la région 5 des Mouvements Unis de Résistance, sous le pseudonyme de « Duval ». Il fut fait prisonnier le 2 février 1943 et fut envoyé le 15 septembre à Dachau. Edmond Michelet a eu le courage d’être présent et actif en liberté, il n’a pas failli à sa mission en détention. Au sein même des camps de la mort, il a organisé et structuré la communauté française, lui redonnant espoir et réconfort dans la pire des adversités.

Ses talents de meneur d’homme, son sens politique, son dévouement pour autrui, sa sensibilité sociale l’ont conduit ensuite aux plus hauts postes de l’Etat. Il y a toujours recherché à faire prévaloir l’intérêt général.

Elu député de Corrèze puis conseiller de la République et enfin député de Quimper quelques années plus tard, il montra inlassablement au Parlement sa fidélité aux principes de la Résistance. Il mena également une carrière ministérielle brillante.
Ministre du ravitaillement sous la direction du général de Gaulle en 1945, Ministre des Anciens Combattants en 1958, Ministre de la Justice en 1959 puis Ministre de la Fonction Publique en 1967 et enfin Ministre des Affaires culturelles en 1969 où il succéda à André Malraux, il a laissé l’image d’un homme d’Etat humaniste, particulièrement attentif lorsqu’il fut Garde des Sceaux aux conditions de vie des détenus et des condamnés.

Ses talents de juriste l’ont aussi conduit à intégrer, entre 1962 et 1967, le Conseil constitutionnel où il fit preuve, une fois de plus d’audace et de rigueur.

Son action au service d’autrui l’a tout particulièrement poussé à s’intéresser au sort des jeunes suivis par la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Ce n’est pas un hasard si son ami Henri Bailly créa en 1972 le Challenge Edmond Michelet, qui permet à des jeunes pris en charge par la PJJ de s’impliquer sportivement au sein d’une équipe, se prouvant ainsi leur solidarité, leur dignité et leur capacité.

Sa vie exemplaire traduit bien l’image que nous voulons donner de la Justice.

Je lui rends hommage aujourd’hui en notre nom à tous et je remercie sa famille, par l’intermédiaire de Monsieur Yves MICHELET d’avoir accepté ce choix au moment de l’installation officielle des services de la justice dans ces bâtiments.

Enfin, je voudrais rappeler qu’il n’y a pas de grand projet sans accord au delà des clivages politiques. Je crois qu’il n’est pas inutile de rappeler, alors même que nous cherchons un accord sur le terrain dans Paris où le ministère de la Justice construira le Tribunal de Grande Instance de Paris du 21e siècle, que ce bâtiment où nous sommes aujourd’hui n’a pu voir le jour que grâce à un accord survenu en 1988 entre Jacques CHIRAC, maire de Paris et André ROUSSELET.

La petite histoire raconte que le terrain devait plutôt être vendu au Ministère de l’Education Nationale ou à l’ambassade de Chine. A nous tous d’écrire la Grande, si vous le voulez bien.

Je vous remercie de votre attention.